Haute-Folie d’Antoine Wauters : le poids des racines, la foudre du silence
« Je crois que certains êtres ne nous quittent pas, même quand ils meurent… » Dans Haute-Folie, Antoine Wauters nous convie à une traversée de la mémoire, de la disparition, de la folie latente. Josef naît au cœur d’un incendie familial, sans savoir ce qui le lie à ce lieu nommé « Haute-Folie ». Entre ombre et vérité, ce roman explore ce qu’on tait, ce qu’on oublie, et ce qu’on porte en soi quand rien n’a été raconté.

1 - Pourquoi on adore ce livre ?
Parce que Wauters n’écrit pas une genèse historique, mais une légende intime. Le roman oscille entre le conte et le poème en prose, où chaque mot porte un poids. Josef grandit sans les récits de ses parents, comme une blessure muette. La voix narratrice, mystérieuse, voilée, creuse les silences, révèle les malédictions transmises. Le lieu, la ferme de Haute-Folie, devient un personnage : un terrain de souffrance, de retour, de quête. Le style est âpre, lumineux, exigeant : les phrases frappent, elles ne se contentent pas de raconter, elles secouent.
2 - Pour qui est ce livre ?
Pour les lecteurs qui aiment les romans “qui prennent leur temps”, ceux qui ne donnent pas tout sur un plateau, mais insinuent, résonnent, restent. Pour ceux qui veulent que la mémoire, la lignée, les secrets soient des matières à explorer. Pour quiconque se demande : à travers quels lieux l’histoire d’une famille survit-elle ? Et que reste-t-il quand les ancêtres ne parlent plus ?
3 - On lit ou pas ?
Sans hésiter. Haute-Folie est une lecture forte, une immersion dans l’invisible. Ce n’est pas un roman facile, mais c’est un roman qui accompagne longtemps. Une fois refermé, on se souvient non seulement du personnage de Josef, mais du silence qu’il porte, de ce lieu qui ne s’efface pas. Wauters offre ici un chant de résonance — pour ceux qui refusent que la mémoire meure.
Editions Gallimard : 19 €