Poster des photos de mes enfants sur les réseaux sociaux : bonne ou mauvaise idée ?

S'il est tentant de partager les moments phares de la vie de votre enfant sur les réseaux sociaux, un tel acte, de prime abord sans importance, peut avoir de réelles conséquences néfastes. Les experts en cybersécurité sont formels, le "shareting” est une pratique qu'il vaut mieux limiter. À défaut, il est vital d'être très minutieux sur les paramètres de confidentialité de ses pages, même si une telle pratique n'est malheureusement pas toujours sans faille. Voici ce qu'il faut savoir si vous prévoyez de partager des photos de votre enfant sur les médias sociaux.

Poster des photos de mes enfants sur les réseaux sociaux : bonne ou mauvaise idée ?

Des paramètres de confidentialité pas toujours évidents à maîtriser

L'un des principaux freins au fait de publier des photos de son enfant sur les réseaux sociaux, c’est justement le mode de fonctionnement de ces plateformes. Si sur Facebook, Instagram, SnapChat et Twitter, vous avez la possibilité de passer votre compte en "privé", il faut savoir que les vidéos TikTok peuvent être vues de tous... Aussi il est important de prêter attention à la notion de "privé". En rendant accessible votre contenu uniquement à vos abonnées, vous restreignez certes le nombre de personnes qui peuvent votre profil, mais encore faut-il pouvoir s'assurer de la qualité de vos followers. Sur la plupart des réseaux, n'importe qui peut s'abonner à votre contenu sans que la plateforme demande votre approbation et parfois, même en restreignant la portée de vos publications, vos "amis d'amis" peuvent quand même les consulter, ce qui finalement ouvre l'accès à votre contenu à des personnes potentiellement moins scrupuleuses que vous.

Ce qui est publié un jour sur internet le reste

On pense souvent que supprimer une photo de Facebook ou d'Instagram la fait disparaître à jamais. En réalité, même si elle disparaît de votre fil d'actualité et n'est plus visible pour vos amis ou followers, elle peut être conservée sur les serveurs de la plateforme pour une durée indéterminée. De même qu'il faut prendre en compte la mise en cache des navigateurs qui sauvegarde le contenu consulté pour un bon bout de temps. Il existe aussi des outils comme web.archive.org qui recensent toutes les versions antérieures d'un site web et il n'est pas rare d'y retrouver des photos ayant fait l'objet d'une demande de suppression. Si vous remarquez que la photo de votre enfant apparaît dans les résultats de recherche sans votre consentement, sachez que la seule solution pour faire disparaître définitivement du contenu sur internet est de faire une demande de droit à l'oubli auprès de Google, une procédure franchement pas évidente et qui n'aboutit pas toujours.

De la difficulté à surveiller le devenir des photos

Autre facteur à prendre en compte, quand bien même vous surveillez étroitement les paramètres de confidentialité, il est très difficile d'empêcher les personnes ayant accès à vos photos de les sauvegarder sur leur ordinateur et de les diffuser. Même si vos amis et votre famille ne sont pas de mauvaise foi, ils peuvent s'approprier une de vos photos et la publier à leur tour sur leurs réseaux sociaux, peut-être moins protégés que vos pages de profil. Et ce, sans oublier le fait qu'une fois enregistrée, la photo peut être envoyée par e-mail et est forcément à un moment ou un autre sauvegardé sur un serveur dont la sécurité peut s'avérer défaillante. Or, une boîte mail piratée est une véritable passoire or bon nombre d'individus s'en rendent compte une fois une bonne partie de leurs données volées. Les photos peuvent ensuite être revendues pour des campagnes publicitaires, voire pire, être utilisées par des personnes peu recommandables.

Publier des photos de son enfant, c'est construire sa réputation en ligne

Lorsque vous publiez des photos de votre enfant sur internet, vous construisez sa future réputation numérique. Si certains épisodes de son enfance peuvent être amusants sur le moment, qu'en sera-t-il lorsque votre enfant aura atteint l'âge difficile de l'adolescence ? À défaut de le rendre mal à l'aise, ces photos pourront faire le tour de son collège et nourrir les moqueries de ses camarades. Vous vous dites certainement qu'il faut encore que quelqu'un tombe dessus ! Eh bien sachez que les plus jeunes savent y faire lorsqu'il s'agit de déterrer du contenu compromettant. Et surtout, une fois qu'ils ont mis les pieds dedans, ils sont très habiles avec le maniement des médias sociaux... Plus tard aussi, c'est le futur employeur qui pourra y avoir accès si vous ne faites pas attention aux paramètres de confidentialité...

Respecter le droit à l'image

En matière de législation numérique, le droit à l'image est une notion particulièrement importante et qu'il faut respecter. En effet, nul n'est autorisé à publier une photo sur internet sans avoir recueilli le consentement de l’intéressé (article 226-1 du Code pénal). Cependant un mineur reste soumis à l'autorité parentale donc vous êtes libre de le faire en prenant vos précautions. À noter qu'à plusieurs reprises la justice a tranché, il faut l'accord unanime des deux parents lorsque la portée de la publication dépasse le cercle privé. Pensez donc à vous concerter...

Du bon usage des photos de votre enfant

Outre l'accord des deux parents, il vaut mieux toujours en parler à votre enfant en amont. On a tendance à sous-estimer la capacité de compréhension des plus jeunes. Cependant, aujourd'hui le numérique fait intégralement partie de la vie de tout un chacun et les enfants de plus en plus tôt s'intéressent à internet et aux réseaux sociaux. Néanmoins, s'il n'est pas encore familier des réseaux sociaux, vous pouvez quand même l'impliquer dans la sélection des photos qui sont partagées en ligne, lui expliquer qui est susceptible de les voir et lui demander s'il est d'accord avec cela. Et dans le cas où vous voulez partager des photos, mais en limitant le risque qu'elles soient à un moment ou un autre dommageables, privilégiez les clichés de dos, les plans globaux, et plus généralement tous ceux où votre enfant est peu reconnaissable.