5. La poignée de porte
Parfois tout s’est bien passé, pas de glissade, pas de type qui entre dans les chiottes alors qu’on est dedans, pas de diplodocus dans les parages… On se lave tranquillou les mains quand un monsieur sort de ses chiottes à lui.
Bon jusque-là tout va bien. Sourire gênée et « marmonage » incompréhensible de rigueur (bah oui tu vas pas te dire : « Hey bonjour, on se connait pas mais comme on sort des chiottes en même temps, on va se raconter nos vies. Alors vas-y, elle fait quoi ta maman ? Hmm hmmm, et tu as eu des problèmes avec ton père ? ») Non. On sourit bêtement.
Saut que LA, le type saisit la poignée de la porte et se barre.
SANS se laver les mains. Nous voilà bloquée dans ces chiottes qui puent à ne pas pouvoir sortir car la poignée de la porte est contaminée de pisse.
On reste huit bonnes minutes, figée, à regarder la poignée et oh miracle… La stagiaire (qui croit qu’on a fait caca parce qu’on est pas revenue depuis vingt-cinq minutes) arrive. On se faufile dans l’entrebâillement de la porte et on sort, triomphante… Un morceau de jupe coincée dans le collant.
6. Le « c’est pas moi »
Et bien sûr, il y a toutes les fois où on va tranquillou aux toilettes, où l’on n’entend pas que quelqu’un est aux lavabos et où l’on sort surprise en devant pester très fort : « Bouuuuuh, roooooohlalaaaaaaaa » en enfouissant son nez dans son écharpe pour bien montrer que c’est PAS NOUS le diplodocus qui a une gastro à l’année.
Mais ensuite, ce poids, toute la journée… « Purée, la stagiaire m’a vue. Elle va raconter à toutes ses petites copines de la fac que « hihihi la boss elle fait caca. » alors que c’est même PAS NOUS ! Non mais c’est pas possible on va perdre tout son respect et elle va nous piquer notre place.
Alors on gueule un coup, pour rien, comme ça, juste parce qu’on a nos règles, qu’on a glissé dans les chiottes et qu’on a failli mourir asphyxiée.
Léa Philippe