Au grand jamais de Jakuta Alikavazovic : le roman d’une disparition
Dans Au grand jamais, Jakuta Alikavazovic creuse le mystère d’une mère disparue — une poétesse autrefois reconnue, désormais effacée — et donne voix à une fille devenue à son tour mère, qui arpente les silences de l’histoire familiale. C’est un roman où l’absence prend forme, où les non-dits se font architecture de mémoire.
1 - Pourquoi on adore ce livre ?
Parce que l’écriture de l'auteure mêle grâce, tension, et délicatesse. Elle ne nous livre pas un simple récit de disparition : elle le réinvente, le déconstruit, accumule les hypothèses et les écarts. La narratrice recueille les traces — lettres, échos, indices — et reconstitue une femme qui s’est tue. Le roman est baroque sans ostentation, riche en replis secrets. Il interroge non seulement ce que l’on transmet, mais ce que l’on tait, ce que l’on rêve, ce qu’on finit par inventer.
2 - Pour qui est ce livre ?
Pour celles et ceux qui aiment les romans de l’intime — pas de faux artifices, mais une quête lente, où chaque mot compte. Pour les lecteurs sensibles aux questions de filiation, d’identité, de mémoire, et qui savent que l’absence est parfois plus parlante que la présence. Et pour ceux qui aiment quand la littérature s’approche du fragile, de l’indicible.
3 - On lit ou pas ?
Absolument. Au grand jamais n’est pas un roman léger, mais il parle longtemps après qu’on l’ait posé. Il offre une forme de catharsis discrète : on n’y guérit pas, mais on comprend mieux ce qui hante. Un livre pour qui accepte de se perdre dans les silences pour retrouver ce qu’on croyait avoir perdu.
Editions Gallimard : 20,50 €